Contexte
La fin de la Seconde Guerre mondiale a entièrement bouleversé le marché photographique. Les usines allemandes, qui n’ont pas été endommagées lors des hostilités, ont été dépouillées de leurs machines par les vainqueurs. Seule Leica sera relativement épargnée par les bombardements. En France, des barrières douanières filtrent encore les rares importations. C’est pourquoi les industriels français profitent alors de cette conjoncture favorable pour ainsi occuper les créneaux disponibles. L’industriel Jean Cros, qui s’était associé au technicien en mécanique Paul Royet en 1942, fondent les Établissements Modernes de Mécanique (EMM), à Saint-Etienne (42-Loire). Comme la maison O.P.L. Foca occupait déjà le territoire de Leica en 24 × 36 (format 135), ils décident de conquérir le marché des appareils photos 6×6 (format 120) à deux objectifs. Ainsi « débarrassé » des Rolleiflex et Ikoflex allemands, le champ est alors libre. C’est le début de l’histoire du SEMFLEX.
L’avant SEMFLEX
En 1946, les Établissements Modernes de Mécanique se transforment en Société des Établissements Modernes de Mécanique (SEMM). Jean Cros ne fait alors déjà plus parti de l’aventure. L’abréviation de la société devient assez rapidement SEM.
En 1947, la société déménage à Aurec-sur-Loire, en Haute-Loire. L’envie de créer un nouvel appareil photo 6×6 bi-objectif (format 120) n’avait pas quitté l’esprit de Paul Royet. Ainsi, il enagagea Claude Forge, jeune ingénieur, pour créer un nouvel obturateur central ambitieux, avec des vitesses élevées. C’est donc comme ca que fut créé l’obturateur Orec (en référence à la ville où se trouvent les locaux, Aurec-sur-Loire). Le jeune ingénieur assure l’essentiel du développement de l’appareil, dont le moule du boitier. Ce nouvel obturateur et le moule ne quitteront jamais la dotation de ces nouveaux appareils fabriqués. Leur fronton accueillera leur nom. SEMFLEX deviendra la marque commerciale utilisée par la SEM pour désigner ses appareils photographiques reflex à double objectifs.
L’arrivée du SEMFLEX
La première version du SEMFLEX , présentée au salon de la photographie en 1948, jugée très ambitieuse, ne sera pas fabriquée en série. En effet, Paul Royet est pressé de prendre pied sur le marché du 6 × 6 (format 120). Il préfère donc arriver avec un appareil plus simple, plutôt que d’arriver trop tard avec un appareil plus perfectionné. Pour anecdote, Claude Forge raconte avoir dû monter le premier prototype pendant le voyage en train vers Paris avant le salon.
Les SEMFLEX I et II seront livrés à partir de juillet 1948. Le I sera équipé d’ un objectif à trois lentilles ouvert à 1/4.5, et d’un obturateur Orec montant au 1/300. Le II possedera un objectif à quatre lentilles ouvrant à 1/3.5 sur un Orec au 1/400.
Gamme des SEMFLEX
Entre les évolutions techniques et esthétiques il a existé une myriade de modèles. Il est à noter que le McKeown’s price guide to antiques cameras ne présente que 7 variantes. Par contre, l’analyse de la production par Patrice-Hervé Pont, publiée dans le livre SEM et les Semflex sorti en 1995, a permis d’identifier 56 variantes. Il s’est principalement basé sur l’analyse des réponses à un questionnaire publié dans la revue Cyclope. Pour information, plus de deux cents collectionneurs ont envoyé les caractéristiques de huit cent cinquante appareils.
Avancement du film
Les Semflex Standard sont à avancement manuel par une molette en surveillant le numéro de vue de la pellicule 120 dans une fenêtre rouge au dos. Quant aux Semflex Oto, leur avancement est automatique, grâce à une manivelle.
Les objectifs du SEMFLEX
Plusieurs opticiens ont fourni les objectifs de visée et de prise de vue. On trouve majoritairement des SOM Berthiot mais également des Angénieux et des Tourret-Narat. Il existe cependant plusieurs ouvertures maximum, tant à la visée qu’à la prise de vue. Le déclencheur peut également se trouver à plusieurs endroits. Il est à noter que les appareils les plus courants utilisent des focales de 75 mm.
Les obturateurs
Jusqu’en 1966, seuls seront montés les obturateurs « maison » Orec (reprenant le nom de la ville où se trouve l’usine : Aurec). Il y aura ainsi plusieurs vitesses maximum, selon la date de sortie et la « gamme » de l’appareil. Initialement, la vitesse maxi était de 1/300s. Puis elle montera au 1/400s, pour redescendre au 1/250s pour le Semflex T950 « entrée de gamme ». À partir de 1950, il y aura la possibilité de commander un appareil muni d’un obturateur allemand « Synchro Compur » donnant le 1/500s. Certains modèles simplifiés (Semflash et Joie de vivre) n’auront que des obturateurs à une seule vitesse (1/50s).
Synchronisation flash
Bien que les SEMFLEX 6×6 étaient initialement non synchronisés, ils disposent tout de même de plusieurs emplacements pour les prises de synchronisation :
– une prise coaxiale de 3.8 mm sur l’obturateur, accessible grâce à un renfoncement de la platine. Elle était en premier lieu compatible uniquement pour le flash magnésique, un inverseur permettra plus tard le choix entre F et X (magnésique et électronique)
– une prise coaxiale de 3 mm sur la platine porte objectifs (avec sélecteur F/X).
– une prise SEM propriétaire, constituée de deux prise femelles de 3 mm à 13 mm d’écart. Elles permettaient de connecter un flash spécial SEM, assurant ainsi la fixation mécanique du flash et le contact électrique (avec sélecteur F/X).
Les premiers Sem Studio avaient une fiche spéciale à trois pôles. Les derniers Sem avec obturateurs Compur, avaient une prise coaxiale de 3 mm en plus de la prise SEM.
Dépolis
La majorité des dépolis sont plats à l’exception des premières versions « haut de gamme ». On trouve donc huit versions de dépolis : une sans aide à la visée, deux avec des repères gravés et cinq avec des repères sérigraphiés.
Bouton d’avancement du film
On référence deux types de bouton de 29 mm de diamètre. Le premier type possède un bouton placé par-dessus le gainage de l’appareil. Le second, quant à lui, se voit doté d’une échelle de profondeur de champ. Il y a également quatre formes de boutons de 34 mm :
– mémo film et calculateur de profondeur de champ
– uniquement le calculateur et un gainage à la place du mémo film
– une plaquette « Made in France Breveté SGDG » sous le bouton et une sans plaquette.
Les boutons sont tous en alu naturel. Seul le dernier modèle est noir, avec un congé usiné. Il fait ressortir un motif sur les cannelures.
Frontons des SEMFLEX
Il existe trois graphismes pour le marquage du fronton :
– le logo SEMFLEX souligné en relief
– le même logo dans un cartouche également en relief
– un marquage SEM sur une plaque anodisée.
Environ mille appareils ont reçu des frontons aux marques de distributeurs (Grenaflex, Richard Reflex, Photo-Hall). Les derniers appareils produits, quant à eux, sont siglés « Paul Royet ».
Gainage
On trouve majoritairement des gainages en cuir noir et, en plus petite quantité, des gainages en plastique strié gris. Le panachage de ces diverses possibilité a permis d’identifier au moins dix-sept versions de Standard et au moins dix-huit versions d’Oto.
Semflex Studio
Il se destine aux photographes faisant du portrait en studio. Il reçoit des objectifs de 150 mm de focale. Bien que proposé en Standard et en Oto, la majorité des appareils vendus ont été des Oto. Ils sont bien plus faciles à utiliser sur un pied en studio, où la scène est rarement bien éclairée. Il existe au moins huit versions Oto et cinq versions de Standard.
SemFlash
L’idée était de pousser les photographes amateurs à faire des photos en intérieur. L’appareil s’équipe donc d’un flash électronique fonctionnant sur le secteur, et proposé à la location par les artisans photographes. Il a été le premier appareil muni de ce type de flash. Destiné aux utilisateurs inexpérimentés, il dispose d’un bouton d’avancement de la pellicule (plus robuste et facile que le système Oto). L’obturateur ne possède plus qu’un seule vitesse. Sur les première versions, la bague de distance pointait sur un abaque donnant une valeur entre un et sept à reporter sur le réglage d’ouverture. L’ouverture se couple à la mise au point, par la suite. Il y a au moins quatre version de Semflash.
Les accessoires
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